samedi 13 février 2016

Les limites de la liberté d’expression sur internet (« SpOty8 » : suite et fin)

Je voudrais avant toute chose rendre hommage à la justice et à la police qui ont fait un travail remarquable. 
Je voudrais ensuite vous inviter, chers lecteurs, à faire preuve, en retour, de modération (ce qui n’a pas toujours été le cas lors de la publication du dépôt de ma plainte sur Facebook.)  

Septembre 2014. Des propos nauséabonds sont publiés sur You Tube à l’encontre de Lou. Habituellement, je « delete » et bloque l’indélicat qui, au vue de l’orthographe, est le plus souvent un jeune, voire un enfant. Je ne me formalise donc pas, ni ne me vexe à la lecture de « sal andicapé », « tu pus du cu» et autres stupidités à l’orthographe catastrophique. Ils sont, selon moi,  le fruit d’un handicap social ou affectif de leur auteur, une grande désoeuvrance qui en amène à répondre à un mal-être par le mal. Mais cette fois, les propos sont tellement « construits » voire violents (cfr l’illustration) qu’ils choquent des personnes handicapées ou des parents. Personnellement, cela nous laisse de marbre, si ce n’est que cela pose les questions des limites à ne pas franchir et de l’apparente impunité sur internet.
C’est donc au nom de ces limites et au nom de toutes les personnes concernées que je décide de porter plainte, car je découvre au gré de messages reçus en réaction, que de nombreuses personnes concernées par le handicap en sont venus à renoncer à leur communication sur internet suite à des propos violents à leur encontre sur leur blog, Facebook ou ailleurs. 
Je rêve de me retrouver face à l’auteur de ces propos. Soit il s’agit d’un réel facho et j’aurai le plaisir de voir si, yeux dans les yeux, il aura autant de c.., soit il s’agit d’un jeune désoeuvré qui a voulu  faire « le malin », auquel cas, il servira d’exemple et je pourrai lui faire prendre conscience de l’ampleur des dégâts que peuvent provoquer de tels propos.
Je suis reçu avec beaucoup de sérieux et de respect à la police puis convoqué à la « Computer Crime Unit » où l’officier me promet de ne pas lâcher le morceau, malgré le fait qu’ils soient débordés de travail et qu’ils dépendent du bon vouloir de You Tube qui doit leur fournir l’adresse IP de l’auteur.
Les mois passent. Courant 2015, je reçois un appel d’un médiateur qui m’annonce que « les auteurs » ont été identifiés, car ils sont, comme je m’en doutais par quelques indices, au nombre de deux. Et comme je le pressentais aussi, il s’agit de deux jeunes d’une quinzaine d’années (l’âge de Lou à l’époque). J’apprendrai par la suite que la procédure a été appliquée « dans les règles de l’art » : perquisition à 06h30 du matin aux domiciles des auteurs (bonjour le réveil des parents !), saisie des ordinateurs, tablettes et smartphones, convocations, analyse intégrale des contenus des ordinateurs, re-convocations pour explication de certains contenus informatiques, bref, un traitement de choc, voire un intrusion violente dans leur propre intimité (qui aimerait que le contenu de son ordinateur soit épluché de la sorte).
Le médiateur m’explique que l’affaire comporte deux volets juridiques : le pénal et le civil. Face au pénal, je ne peux rien faire : face à un délit avéré, c’est à la justice seule de décider quelle condamnation (ou acquittement ou tout autre décision) devra être appliquée. Par contre, pour le volet civil (« la réparation morale »), il me propose une médiation dont je peux librement fixer les règles. A eux d’accepter ou de les refuser, auquel cas, l’affaire sera traitée devant la juridiction civile. Ma demande est claire et préméditée : remboursement de mes frais d’avocat, une première rencontre / explication avec les auteurs, suivie en cas d‘excuses, d’une rencontre avec Lou.
C’est ainsi que j’ai rencontré, tour à tour, fin décembre et début janvier, les deux jeunes gens, âgés aujourd’hui de 16 et 17 ans. Des jeunes de « bonnes familles » et de « beaux quartiers » qui se sont lancés un défi stupide lors d’un soir d’ennui : écrire les pires propos sur internet à l’encontre de vidéos. Il n’y avait aucune intention méchante, juste l’envie de s’amuser…
L’un et l’autre, conscients de l’énorme connerie, n’étaient pas « beaux à voir » lors de ces rencontres : le visage empourpré de gêne, le regard rasant le sol, la voix mal assurée. L’un d’eux a même fondu en larmes en m’expliquant les dégâts causés par l’affaire au sein même de sa famille… qui comporte un proche en situation de handicap. Leur honte et leurs regrets étaient sincères. Ils assumaient pleinement les conséquences de leur acte et me donnaient pleinement raison quant à la plainte déposée.
De mon côté, j’ai eu tout le loisir de les faire réfléchir, de leur expliquer le pourquoi de la plainte (au nom de…), de leur expliquer qui est Lou et enfin, face à leur regrets, de leur faire part d’une « certaine » compréhension face à des conneries de jeunesse que l’on peut commettre de manière irréfléchie (je leurs ai relaté une grosse bétise d’un tout autre genre que j’avais commis à leur âge pour épater des potes : suivre un transporteur de fond dans une grande surface et l’effrayer en hurlant un énorme « pan »…, bêtise qui a failli très mal tourner –le transporteur a dégaîné- et a fini au commissariat de police).
Les excuses reçues, le médiateur a organisé la rencontre des deux jeunes avec Lou, qui n’était nullement choqué par toute cette histoire. Au contraire, elle a été l’occasion de grandes discussions en famille. C’est ainsi que samedi dernier, ils se sont retrouvés à la maison où très vite, ils ont sympathisé avec Lou qui, derrière son piano, leur jouait des titres de chanteurs qu’ils appréciaient tous les trois.
Ainsi s’est clôturée l’affaire « SpOty8 » en ce qui nous concerne, car comme dit précédement, les deux jeunes devront répondre de leur acte devant la justice pénale, fin de ce mois.
Moralité de cette histoire ?
On ne peut pas tout dire et tour faire sur Internet.
Malgré des critiques fondées à bien des propos, il existe encore une justice qui fonctionne et travaille.
Dernière petite anecdote : la veille de l’ultime rencontre avec Lou, un nouveau message, très mal orthographié et se voulant particulièrement méchant en faisant référence au « travail inachevé d’Hitler », a été posté sur You Tube.
J’y ai immédiatement répondu ceci : tu as cinq minutes pour retirer ce message si tu ne veux pas voir la police débarquer à six heures du matin chez tes parents, comme ce fut le cas du dernier message de ce genre. Trente secondes après, le message était effacé. ;-)

dimanche 7 février 2016

Liés : une nouvelle chanson pour Lou

La nouvelle chanson de Lou Boland
Merci de nous soutenir en partageant cette vidéo afin que nous puissions construire un futur pour lui et d’autres… 


Musique : Guillo & Lili Ster
Paroles : Guillo, Luc & Lou Boland
Arrangements et instruments et chant : Lou Boland
Images et montage : Luc Boland
Photos extraites du DVD « Lettre à Lou »
Photos additionnelles : Lara Herbania et Julian Hills
Chanson composée durant la tournée du Collectif Artypique (Août 2015)
Production : Fondation Lou - Itinéraire Bis