mardi 1 décembre 2009

Les mélodies de la vie et le petit mélomane.

Lors d’une récente projection publique de « Lettre à Lou » qui était suivie d’un débat, j’ai expliqué pour la énième fois en quoi Lou était un être singulier, hors du commun. Et je pense que ces mots ne sont pas galvaudés.
En repensant à cette rencontre avec le public, je me suis rendu compte que je n’avais jamais synthétisé par écrit ce témoignage. Voilà qui est corrigé et partagé avec plaisir.

Je voudrais donc aborder en ces lignes les étonnantes facultés auditives, musicales et mnésiques de Lou. Il est un petit musicien hors paire, unique en son genre.
En simple miroir à ces facultés et pour ne pas trahir la réalité globale de notre petit bonhomme, j’aimerais attirer votre attention sur le fait qu’en dehors du monde musical qui l’habite, il convient encore aujourd’hui de l’encourager en permanence pour “tout le reste”, de le rassurer et l’entourer de nombreux gestes d’affections, pour le voir progresser dans son apprentissage de la vie. De faire preuve d’autorité aussi, lorsqu’il faut mettre un terme à une situation qui se dégrade, et face à laquelle toutes les autres solutions sont vaines.
Je reviendrai aussi brièvement sur cette réalité quotidienne qui est la sienne : ce besoin irrépressible de s’entendre répéter ad libitum des phrases entendues sur l’instant ou par le passé ; ce besoin de reproduire des scènes, de revivre et reconstruire de brèves séquences de vie qui sont marquées cinq étoiles dans son cerveau, ou à contrario, ce besoin de conjurer les mauvais moments, en les inscrivant dans un imaginaire débridé. Sans oublier cette irrésistible envie de prendre les autres pour de charmantes marionnettes, prêtes à répéter ou exécuter ce dont il a envie.
J’évoquerai enfin les grandes difficultés qu’il rencontre dans l’apprentissage scolaire. “La faute à” sa difficulté de se concentrer plus de deux minutes. Et puis, il y a ce peu d’intérêt pour les choses existentielles, pour le “pourquoi-du-comment-qui-fait-quoi-quand-et-où-avec-qui”.
Le “Journal de Lou” relate à souhait cette réalité de Lou, même si, aujourd’hui, il continue de progresser et de s’ancrer un peu plus dans notre monde.
La curiosité le gagne. Lou grandit. A son rythme. Jusqu’aux frontières qui apparaîtront sans doute un jour, bien que la tendance soit à la chute des murs et barrières, au gré de l’énergie déployée par tous ceux qui l’encadrent.

Je disais donc qu’au delà de ces traits déjà pour le moins singuliers, Lou est un petit bonhomme hors du commun musicalement parlant.
S’il joue bien au piano, il est cependant loin d’être un virtuose. Cela fait cinq ans qu’il apprend par lui même à maîtriser l’instrument. Il a reçu son premier synthétiseur pour l’anniversaire de ses six ans (le début du film “Lettre à Lou”). Six mois après, il composait une mélodie sommaire, à deux mains et trois doigts : “Ma maman que j’aime” (cfr. la fin du film). Un à un, nous avons vu ses dix doigts se placer et prendre possession des accords majeurs et mineurs, ou se promener de notes en notes. Sans solfège, ni cours. De toute façon, le solfège en braille est peu utilisé et surtout extrêmement astreignant, puisqu’il est impossible de déchiffrer simultanément une partition en jouant d’un instrument, à moins d’avoir quatre mains. Un aveugle doit donc mémoriser par coeur une partition pour ensuite l’interprêter. Un telle chose est impensable avec Lou qui peine déjà à apprendre à lire le braille. Dans la mesure où la musique est son espace de liberté, nous avons décidé, sa maman et moi, d’éviter toute forme d’astreintes qui en viendraient à le dégoûter de jouer d’un instrument. L’apprentissage à l’autonomie et la scolarité sont déjà suffisamment difficiles pour lui.
Depuis deux ans, il a bien reçu des “cours” de Mireille et continue d’être suivi par Michel, qui habilement lui suggère telle ou telle musique, en fonction des goûts de Lou et de nouvelles techniques que le morceau l’obligera à maîtriser. Dès qu’un accord ou enchaînement nouveau plaît à Lou, il le décode aussitôt dans sa tête et le reproduit après un tâtonnement qui excède rarement les dix secondes.
Lou est donc globalement autodidacte et le fait de jouer sans voir le clavier n’est pas exceptionnel non plus : de nombreux musiciens ayant une bonne maîtrise de leur instrument, finissent par ne plus regarder leurs doigts, qui deviennent un prolongement naturel du cerveau qui dicte la mélodie.
Lou n’est donc pas un virtuose, même si ses onze ans permettent d’imaginer une large marge de progression dans le futur.

Il a par contre une aisance évidente dans le domaine musical, à faire pâlir d’envie tout apprenti musicien. Beaucoup de personnes m’ont fait observer que son ouïe, comme pour de nombreux autres aveugles de naissance, devait être la clé de ce talent musical.
Oui et non.
Lou a effectivement une ouïe extrêmement développée, de même qu’il a “l’oreille absolue” (la faculté de pouvoir identifier une note de musique en l’absence de référence). Lou a intégré par lui-même la fréquence des notes et leur nom.
A ce propos, il nous amuse souvent en donnant des notes aux sons qu’il entend et qui s’avèrent à chaque fois exactes. Ainsi, il nous dira que telle tondeuse est en fa, une autre simultanément en la et do# ; que l’ambulance ou le camion de pompier est en sol et do, que lorsque le véhicule passe à côté de nous, cela devient ré et la ; que David pleure en sol, mais parfois en dol bémol ou la dies ; quant à Jimmy, il a pleuré en faisant les mêmes notes que le camion de pompier : sol et do.
Il donne aussi une note aux timbres de voix : “x” parle en ré ou si, la voix usuelle de “y” sera un mi, voire un si, “quand il exagère”...
 Du caractère une fois encore singulier de Lou.
Mais ce n’est pas la raison principale de son aisance dans la sphère musicale. Nous sommes convaincu, sa maman et moi, que la constitution particulière de son cerveau est un élément déterminant en ce domaine. Lou est un être du présent, qui vit dans l’émotionnel, l’affectif et le (ré)créatif, mais très peu dans le rationnel. De même, Lou ne connaît ni la timidité, ni la honte. Ceci explique cela. A la différence de tout un chacun, il ne se pose pas la question du “qu’en dira t’on”. Si, par exemple, vous décidez d’apprendre à jouer de la guitare et que vous aborder un morceau simple – prenons par exemple “les portes du pénitencier” -, vous vous appliquerez à maîtriser les accords, les uns après les autres et dans l’ordre. Il ne sera pas question pour vous de passer directement au troisième accord, plus facile à réaliser. Il sera encore moins question d’oser vous produire devant des personnes aussi longtemps que vous ne jugerez pas votre niveau de maîtrise acceptable et présentable. Toute la différence est là : votre caractère rationnel, votre timidité et votre orgeuil seront un frein légitime à votre créativité, au “lâcher prise”.
Avec Lou, point de cela. Si, en abordant une nouvelle mélodie, un accord coince, il le jouera approximativement et enchaînera la suite pour laquelle il ne rencontre aucun obstacle, jusqu’au jour où il maîtrisera l’accord rebelle à ses doigts. De même, il lui arrive très souvent d’interpréter une mélodie qu’il est capable de jouer sans faute, en en commettant par-ci par-là. Peu importe puisqu’il se sait capable de le jouer parfaitement. C’est comme ça, “Point barre” comme il se plaît à dire !

Ce qui est sans douter le plus étonnant voire déconcertant avec Lou, est sa faculté de mémorisation.
Prenons trois exemples.
Hiver 2007. Nous emmenons Lou au marché de Noël près de la Grand-Place, “Les plaisirs d’hiver”, annoncés à grands renforts de publicité par la ville de Bruxelles. Lou fait un tour sur un vieux manège avec un orgue de barbarie qui égraine une mélodie ad hoc.
- Dis, papa, c’est quoi cette musique ?
- Euh... je ne sais pas. Une musique de manège, mon bonhomme.
L’évènement est aussitôt oublié.
Un an plus tard, Noël 2008. Nous sommes à la maison. Pendant que Lou termine son goûter, il écoute la radio. Lors d’une page de publicités, passe un spot vantant la nouvelle édition des “plaisirs d’hiver”.
- Papa ? Tu peux éteindre la radio ? J’ai envie de jouer au piano.
- Pas de problème, p’tit gars.
A peine installé, il se met à jouer, de ses dix doigts et sans hésitation, une mélodie que je ne connais pas. Jamais entendu cela à la radio et encore moins dans notre imposante discothèque. Intrigué, je l’interpelle :
- Dis, Lou, où as-tu appris cette mélodie ? A la chorale de l’école ?
- Mais non ! C’était aux “plaisirs d’hiver”.
La mélodie a effectivement tout d’une musique de manège. La simple évocation du marché de Noël à la radio a suffit pour lui rappeler cette mélodie.
Deuxième démonstration.
Nous promenant sur un marché à la mer, nous passons à côté de l’échoppe d’un vendeur de compact disc qui, pour vendre sa camelote, diffuse des extraits qu’il change toutes les quinze secondes. Lou s’arrête et écoute ainsi tour à tour “Le tournesol” de Nana Mouskouri, “Pour un flirt” de Michel Delpech et “La maladie d’amour” de Michel Sardou – autant de titres que nous n’écoutons ni à la radio, ni à la maison -. De retour à l’appartement, Lou demande à jouer sur son synthétiseur sur lequel il enchaîne les trois extraits découverts une heure plus tôt. Sans l’ombre d’une hésitation, sa main gauche place les accords d’accompagnement pendant que sa main droite reproduit la mélodie. Tout y est, si ce ne sont les paroles originales remplacées par... “le papa mouton” et consorts.
Dernier exemple en date.
Suite au décès de ma maman, un de mes frères nous a offert un disque comportant une série d’oeuvres classiques pour piano de Mozart, Chopin, Schubert, Beethoven ou Bach. Des oeuvres que ma maman interprétait dans notre enfance, à l’époque où elle suivait des cours et répétait inlassablement ses études sur le piano du salon.
Une après-midi de week-end, je fais découvrir ces mélodies à Lou. Je sens que le premier titre de la compilation – la sonate N°11  pour piano K 331, “Alla Turca” de Mozart -, le branche immédiatement.
- Je peux réécouter ?
Sa réaction classique en pareille circonstance.
- O.K., Lou, mais on écoute les autres morceaux après. O.K. ?
A la fin du disque, il se rend à son piano et illico reprend le “refrain” de "Alla Turca". Une fois encore, tout y est : les accords, le rythme, l’enchaînement rapide des notes et de la mélodie avec sa main droite. Le souvenir de ma maman se décourageant sur cette sonate qu’elle peinait à maîtriser me fait sourire. Relativisons cependant : Lou ne nous joue pas (encore) les autres parties de la sonate qui nécessitent, elles, une grande dextérité et rapidité d’exécution.
Je pourrais citer encore de nombreux exemples frappants. Nous ne comptons pas le nombre d’artistes et de disques que nous avons fait découvrir à Lou et pour lesquels il ne sembla pas marquer un intérêt particulier – nous l’aurions su de suite par une demande de réécouter l’artiste ou la chanson -. Mais voilà que des mois, voire des années après, il se met parfois à jouer un de ces morceaux qui lui remonte à la mémoire, sans aucune raison apparente. A chaque fois, il n’y a aucune hésitation, aucun tâtonnement dans une recherche d’accord : il joue immédiatement la mélodie.

Autre aspect singulier, c’est le sens mélodique absolu de Lou.
Ainsi, il lui arrive de composer des canons ou des chants à plusieurs voix. Il prend alors les commandes de la “chorale familiale” et nous dicte à chacun la mélodie, bien que nous ignorions encore quelle sera le thème principal qu’il chantera.
Il est arrivé aussi qu’il nous surprenne en superposant deux mélodies existantes, en apparence diamétralement opposée jusque dans la rythmique originelle, pour faire d’une des chansons, la seconde voix de l’autre et inversement.
Il en va de même pour son sens rythmique. Dès ses cinq ans, il a abordé le djembé avec aisance, ayant repéré illico les différents sons possibles, en fonction du type de frappe et du lieu de percussion. A l’âge de huit ans, lorsqu’il a été mis en contact pour la première fois avec une batterie, quelle ne fut pas la surprise du percussionniste de le voir immédiatement ignorer les consignes de base pour réaliser une rythmique plus élaborée.

Il y a enfin les rencontres musicales avec d’autres musiciens. Elles sont à chaque fois immédiates.
Lou a ainsi eu le plaisir de jouer avec le jazzman Charles Loos, la chanteuse Maurane, le pianiste Marc Vella ou même Michel, son “prof.”. Lors de chacune de ces entrevues improvisées, le contact a été instantané : pas d’échauffement ou de préambule, chacun apporte son “outil” – la voix, le saxophone ou le piano -, et se lance de concert avec Lou. Les vidéos de ces rencontres que vous pouvez voir (les liens ci-dessus) ne sont en aucune manière le fruit de répétitions préalables : c’est de l’improvisation totale.
La rencontre avec Maurane fut à ce propos un sommet dont vous pouvez voir qu’une infime partie. Ils ont en effet joué trente-cinq minutes en studio, sans interruption, Lou enchaînant dix-huit titres de chansons qui lui passaient par la tête, de Stevie Wonder à William Sheller, en passant par l’improvisation d’un blues endiablé ou d’autres chansons de Maurane, découvertes une semaine auparavant pour la cause.
Je possède les images et l’audio de l’intégral de cette rencontre qui est tout simplement saisissante, tant de la part de Lou que de Maurane qui est immédiatement entrée dans l’univers des mots de Lou. Je rêve, à ce propos, de pouvoir un jour partager ce moment, mais les droits moraux de Maurane et de Cap 48 –initiateur de cette rencontre- ne me le permettent pas.

A la lecture de ce témoignage, vous comprendrez mieux en quoi Lou est un petit mélomane hors paire, qui vit de musique et des mélodies de la vie.
A nous, ses parents, de l’encourager dans cette voie, même si à ce jour, il n’est pas du tout évident qu’il puisse en faire un métier plus tard, car lorsque Lou est dans son univers musical, il est très difficile de l’astreindre à jouer et respecter un répertoire précis. 
Ainsi est-il : Lou, unique et singulier.






10 commentaires:

ANDREE a dit…

Hello Luc,
Je viens de passer un merveilleux moment en te lisant...
Il est vrai qu'en suivant Lou jour aprés jour pendant 6 ans nous connaissions déjà son amour de la musique, et je me souviens avoir dit un jour que c'était un petit génie (tu as trouvé cela exagéré) mais j'aime beaucoup ta formulation de Lou, UNIQUE ET SINGULIER...
Lou est un être à la sensibilité à fleur de peau et c'est certainement pour cela qu'il vous emmène dans "SA" musique. Il a une mémoire exceptionnelle et je vous trouve tellement attendrissants tous de le laisser diriger ses chants, ses canons etc...
Il est quand même rare de voir un enfant de son âge jouer n'importe quel musique seulement parce qu'il l'a entendue...
Ah!! qu'est ce qu'il a changé Lou, comme il a évolué et j'en suis ravie... Quelle belle rencontre que celle que j'ai faite avec la famille BOLAND rien qu'à travers les mots.
Merci Luc d'être ce que tu es ainsi que Claire ton épouse et les filles bien sûr... Il faudrait que tout le monde ait la possibilité, lors d'un handicap quelqu'il soit, de faire progresser son enfant comme vous le faites malgrè toutes les difficultés rencontrées.
A bientôt, Bizzzzzzzzzzzz

Anonyme a dit…

Merci Luc, pour ces mots en partage ...
Quel bonheur de recevoir, en cadeau, cette petite fenêtre sur les progrès de Lou, sur ses richesses et ses singularités.
Je regarde régulièrement le film et continue de m'en régaler, je retourne aussi sur le site et j'en relis certaines pages qui m'ont touchée. Bien souvent ce sont celles où il est question de Lou et la musique ...
Continue, Lou !
Léa

Berlebus (alias Luc Boland) a dit…

;-)
Bèrlebus.

Anonyme a dit…

Et bien, mon papa, cet article me bluf! Non pas que je te sous-estimais, mais c'est exactement ça ! C'est fidèle à Lou, complet et surtout bien écrit (j 'ai été captivée pendant toute ma lecture alors que je savais déjà tout ça !Tu aurais pu être écrivain, tu avais déjà l'imagination =D).Alors vraiment, chapeaux bas!
Je t'adore, Eva.

PS: il y a une faute de frappe lorsque tu parle de l'oreille absolue de Lou, tu as écrit la note dol au lieu de la note sol =)

Anonyme a dit…

Trop drôle, je m'appelle anonyme ! x)

(-Ah, pense papa , ma fille est bête !
-oui oui, je sais !
-Et en plus elle parle toute seule dans son commentaire!
-nianiania!
-Foutue ados !
-... ;-D )

Eva.

ANDREE a dit…

Quel plaisir d'avoir une fille aussi gentille et taquineuse...lol... Mais elle a raison Luc, tu aurais pu être écrivain, quoiqu'il ne soit pas trop tard!!!!
Bon week-end de St-Nicolas
Bizzzzzzzzz

Berlebus (alias Luc Boland) a dit…

Difficile de juger de sa propre écriture, chère André et foutue -ado-de-fille-que-j'aime...
S'est excusée en me faisant le dessin (une commande) pour l'article suivant.
;-)

Jyaire a dit…

Très heureux d'être retombé, un peu par hasard, sur le journal de Lou, puis sur ce blog...
Beaucoup d'émotions transparaissent dans vos témoignages et vos récits, et j'ai souvent le sourire aux lèvres en lisant ces tranches de vie... La tondeuse est en fa, je trouve ça excellent ! :-)

Merci pour ces partages, l'évolution des capacités musicales de votre fils est vraiment très intéressante...

Berlebus (alias Luc Boland) a dit…

Jyaire, heureux en retour de vous lire. C'est donc ici que cela se passe, maintenant.
Au plaisir de vous lire.

Michaëlle a dit…

Une fois de plus sous le charme de ce petit prince hors du commun. Littéralement envoutée par la ballade amoureuse avec Marc Vella que j'ai écoutée jusqu'à la dernière note.
Cette mémoire, ce don pour la musique, c'est vraiment interpelant...
Je crois qu'il n'y a pas de hasard, Lou a un message à te transmettre, à nous transmettre. C'est pour moi, une leçon d'humilité face à un GRAND bonhomme.
Merci Luc pour tes témoignages qui nous permettent d'entrer dans l'univers de ton Artiste, on a tant à apprendre.