« Pourquoi Lou vous
tutoie-t-il tout le temps ?
Parce qu'il ne vous voit pas. »
Blague imaginée par le tonton de Lou (« Maître Vince ») qui a
composé la musique de "Lou, je m'appelle Lou".
En ces temps où le politiquement correct nous fait tourner dix fois notre langue
avant de la mettre à contribution qu’il est bon de rire… de tout.
Sans l’humour, je ne pense pas que nous aurions traversé cette aventure
hors norme.
Lou Boland 2003 |
Cela me rappelle le souvenir de l’époque de cette photo où Lou, cinq ou six
ans, s’est mis à descendre son bonnet d’hiver jusqu’à la pointe de son nez. Ben
oui, pourquoi avoir froid aux joues et au nez quand on n’a pas pas besoin de
ses yeux. De temps à autres, nous remontions le bonnet de notre petit fantôme,
mais il ne fallait pas trois secondes pour qu’il le redescende. Comme il était
trop jeune et incapable d’utiliser une canne pour aveugle, nous nous promenions
en rue bras dessus, bras dessous.
C’est ainsi qu’il nous est arrivé, à de nombreuses reprises, d’être abordé
par un ou une passante attentionnée.
- Attention, Monsieur, votre enfant va se cogner, il a son bonnet devant
les yeux !
Au début, je répondais de manière affable :
- Merci, mais ce n’est pas un problème, il est aveugle.
Gasp !
Oups !
Instantanément,
la personne s’excusait et enchaînait aussitôt : « Oh, mon
Dieu ! » ou « Oh, le pauvre ! » ou encore « C’est
terrible ! », la main devant la bouche, le visage affligé, parfois
cramoisi ou d’une soudaine pâleur extrême. Car oui, il est même arrivé qu’en
réaction, une honorable dame faillit tomber en syncope, et moi, de la retenir.
La plupart du temps, une étrange inversion se
mettait en place. Nous nous retrouvions, Claire et moi, à devoir contrer ces
propos négatifs à grand renfort de sourires. Leur faire part du bonheur de Lou,
de la beauté de la vie, même sans la vue etc.
Nous
ne manquions pas d’en rire entre nous par la suite : « Heureusement qu’on
n’est pas déprimé ! ».
Bien
sûr, cela partait d’une bonne intention, mais quelle vision sombre, quelle
projection personnelle ! Celle-là même qui provoque cette immédiate
empathie pour l’injustice, la violence… aveugle.
La
blague de l’oncle évoque aussi en moi cette réalité que j’aime tant chez
Lou : il tuttoie effectivement tout le monde (excepté le Prince Albert deMonaco, après un drill, d’enfer). Pour Lou, sans même qu’il le conceptualise
dans sa tête, nous sommes tous égaux et au plus votre voix est porteuse d’un
accent, d’une intonnation ou d’une particularité, au plus il vous kiffera.
Ainsi est Lou.
Enfin,
la blague me fait penser à une autre situation très drôle, mais aussi à une
réflexion, très incorrecte : « Lou ne serait nullement gêné de porter une
burka ».
Au
contraire, à cette même époque, il adorait se déguiser en fantôme. C’était
d’ailleurs devenu LE déguisement de rigeur, à chaque fois qu’un travestissement
était requis à l’école ou ailleurs. Ayant toujours adoré être recouvert et
blotti, le drap jeté sur sa tête avait quelque chose de rassurant. Il fallait
le voir se déplacer avec aisance dans la maison. Ben oui, cela ne changeait
rien pour lui et il connaissait « ses » trajets.
La
burka est l’aveuglement d’une belle culture en perte de sens, par une minorité
qui, à son tour, trouble le regard d’un occident lui-même atteint de cécité,
surdité.
1 commentaire:
Je n'ai jamais compris cet apitoiement de la part des gens, que tu as déjà cité, Luc, dans plusieurs articles, à propos de la cécité de Lou. C'est comme une manière de s'excuser d'une soi-disant maladresse.
Enregistrer un commentaire