mercredi 23 décembre 2020

Mes vœux de Noël au monde politique

 

(ou les questions des « bulles », des isolés, des exclus aux aides, des dettes publiques, du financement des soins de santé et enfin de nos libertés élémentaires)

 

Cher Alexander, chers Elio, Rudy, Oliver et Jan,

Nos chefs d’Etat et de Régions,

Mais pourquoi pas aussi chers Ursula, Joe, Vladimir, Emmanuel ou Xi,

Cher élus qui nous représentez,

 

Je peux comprendre les mesures drastiques imposées face à cette pandémie, face à l’épuisement de tous les professionnels qui luttent pour soigner et pour assurer la logistique indispensable (et je leur suis infiniment reconnaissant). Mais il y a quelques points que je ne peux comprendre, ni admettre.

Si vous voulez obtenir l’adhésion de la population et non le chaos, il conviendrait d’y remédier d’urgence.

 

Le premier d’entre eux est de l’ordre de la simple logique et l’exemple belge est édifiant : vos notions de contacts rapprochés comme « la bulle ». + 1 personne.

Êtes-vous connectés à la réalité ? Dans la mesure où, au-delà des isolés, les « bulles » familiales sont composées de ± 60 % de couples (parfois avec enfants, ados et adultes), le respect de cette consigne ne serait-elle pas mieux suivie si vous permettiez la rencontre entre deux « bulles » ? Cela ne multiplierait en rien les risques, puisqu’au sein de ces familles, les personnes se touchent, s’embrassent et partagent tout… jusqu’aux virus !  Recevoir une seule personne d’une autre « bulle » ou permettre le contact entre deux sphères familiales n’y changerait donc rien en termes de transmission. Soit une « bulle » est contaminée, soit elle ne l’est pas.

Seule les mesures cohérentes peuvent obtenir l’adhésion des citoyens.

 

Le second concerne les 40 autres pourcents d’isolés. Que faites-vous, que mettez-vous en place pour ces personnes en profond isolement depuis maintenant 9 mois ?

+ 2 personnes de contact plutôt qu’une ? Mais encore ?… ! La santé mentale de vos administrés est un enjeu majeur. Cela fait bientôt dix mois que des millions de personnes se retrouvent littéralement emprisonnées dans la solitude de leur logement. Que faites-vous aussi pour les aidants proches cloîtrés avec la personne malade ou en situation de handicap ?

 

Le troisième concerne les aides et soutiens financiers apportés au différents secteurs mis à l’arrêt ou impactés : le secteur culturel, de l’événementiel, des loisirs, de l’Horeca (restauration), des métiers de contact etc.

Vous avez décidé d’emprunts massifs à coup de milliards en n’hésitant pas à faire exploser la dette publique pour assurer les coûts liés à la pandémie : les soins de santé, le chômage, le droit passerelle, le soutien à l’aéronautique et aux grandes entreprises etc. . Et c’est très bien ainsi !

Le problème est d’une part, l’inéquité et l’insuffisance des aides et d’autre part, l’aspect passoire qui exclut toute personne qui, au moment de la survenue des lockdown, n’entraient pas dans des cases formatées.

L’inéquité tout d’abord : si vous ne couvrez pas les frais des tous les indépendants contraints à l’arrêt, vous allez au devant d’une crise économique et sociale sans précédent qui risque bien de finir dans la violence du désespoir.

L’effet passoire ensuite : le suicide de la barbière Alysson à Liège, jeune indépendante débutante n’ayant pas encore cotisé et n’ayant de facto pas droit au « droit passerelle », en est un exemple criant. Et que dire des artistes indépendants ou n’ayant pas encore travaillé assez pour bénéficier du statut d’artiste, et de tant et tant d’autres situations. Des dizaines de milliers de cas existent comme ceux-là dans bien des domaines et secteurs.

Il est de votre devoir de ne laisser personne au bord d’un chemin que vous avez été obligé de tracer et d’imposer à des citoyens qui n’y sont pour rien.

Nous acceptons vos contraintes imposées, mais à la condition que les réponses et aides soient justes, solidaires et équitables pour tous.

Nous n’en sommes pas à un milliard de déficit en plus ou en moins.

 

Le quatrième est en lien direct avec le précédent : vous demandez d’énormes efforts et sacrifices à l’ensemble de la population et conjointement, vous êtes contraints de faire exploser la dette publique.

Nous, simples citoyens, aimerions vous entendre sur la manière dont cette dette sera gérée dans le futur. Celle-ci sera-t-elle la énième vague d’austérité qui démantèlera notre système de solidarité que sont la sécurité sociale, l’instruction publique (en ce compris la culture) et les infrastructures publiques ?

Allez-vous enfin, avec l’aide d’autres gouvernements, réclamer l’annulation de ces dettes qui ne profitent qu’au grand capital, à des nébuleuses d’investisseurs sans scrupules, jusqu’aux mafias qui, à force de blanchiments, sont entrés de plain-pied dans le système boursier ? Les personnes les moins impactées par la crise ne sont-elles pas les sociétés d’investissement ? Pas un effort ne leur est demandé. Pas un.

 

Le cinquième point concerne les soins de santé.

Cette crise a démontré de manière éclatante que la « marchandisation » des soins de santé et les mesures d’austérité dans ce secteur ont largement contribué à la situation de lockdown : effectifs insuffisants, matériel insuffisant ou carrément absent et enfin, épuisement et son corolaire l’absentéisme.

Nous, citoyens, voulons vous entendre sur un changement de cap pour l’avenir qui dépasse les premières promesses et aides d’urgence. Il y a une évidence criante qui en devient deux exigences : que soit revu les conditions de travail des professionnels du secteur, les normes d’encadrement des patients et personnes dans les hôpitaux, les maisons de repos et d’accueil de personnes en situation de handicap, que soit revu enfin les conditions de travail des médecins généralistes et les numérus clausus des études de professions de soins pour en revenir à une médecine abondante, humaine et de proximité.

 

Le sixième et dernier point concerne le retour aux libertés élémentaires.

Vous vous êtes immiscés à force de lois jusque dans l’intimité de nos vies privées, de nos foyers. Nous l’avons acceptés pour le bien commun, mais non sans appréhensions sur notre liberté.

Vous avez donc été contraints d’ouvrir une boîte à Pandore qui soulève bien des questions quant aux définitions de la liberté individuelle et celles du devoir de solidarité.

Il ne suffit plus aujourd’hui de nous garantir un retour à la « normale » une fois la pandémie vaincue. Il convient, à l’ère du numérique, des drones et des datas, de repenser et renforcer cette liberté individuelle dans la protection de la vie privée de chacun, mais aussi de lutter ardemment contre l’individualisme qui gangrène l’humanité toute entière.

Le capitalisme (une fois encore) avec son marketing et la « publicité » ont littéralement lobotomisé la planète dans une course effrénée au « moi-je », au « jouir sans entrave », au « désir de possession et de consommation », au narcissisme et à la jalousie d’autrui.

Il est temps aujourd’hui de répondre à cette communication commerciale dont nous sommes inondés quotidiennement par une autre communication massive, forte, puissante, rémanente et récurrente, celle du vrai sens de la vie : rencontrer, apprendre, découvrir les richesses de l’autre et de la vie, et d’en devenir les passeurs pour les « fruits de notre vie » : nos enfants et les générations futures.

 

Pour conclure, vous arrivez péniblement à établir des consensus entre tous les niveaux de pouvoirs… mais l’on vous voit côte à côté lors de vos conférences de presse : partis de gauche ou de droite, vert ou centristes, jusqu’à la droite de la droite. On vous voit in fine vous mettre d’accord sur des décisions, souvent très difficiles. Vous arrivez donc, à termes à faire corps, telle une sorte d’union nationale qui hélas pour vous, nuit au jeu « du pouvoir et de l’opposition », où chacun tente d’émerger pour y faire passer ses idées, ses orientations… et plus tristement son égo et sa notoriété.

Ne pensez-vous pas qu’après avoir franchi la moitié du gué, il serait temps de totalement se jeter à l’eau et de se mettre au service de vos concitoyens, tous vos concitoyens, et prioritairement les plus démunis. Une union nationale puis internationale qui retrouverait le pouvoir de protéger l’humain contre un capitalisme devenu hors contrôle ?

 

Je sais, on me dit utopique et je le revendique même, car l’utopie est à la base de toute invention, de tout les progrès dans l’histoire de l’humanité.

C’est en ayant pour objectif d’atteindre la lune ou les étoiles qu’on parvient déjà à s’extraire de l’irrésistible attraction terrestre pour se retrouver dans l’espace, dans l’espace du possible.

 

Au-delà de nos visions politiques personnelles, qu’elles soient libérales, sociales ou écologiques, ne subsiste qu’un point commun qui unit tous les êtres humains, une seule vision et aspiration commune à chaque citoyen, à chaque électeur : celle de se sentir protégé par la communauté. Tel est votre devoir, le mandat qui vous a été donné.

 

Luc Boland

Citoyen

 

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