mardi 5 octobre 2010

Acte Trois (Cap48)

(Voir Acte 1Acte 2 (de l’aventure « Lou et Cap48 ») et le résultat.)

Acte 3… ou « Apprendre à Lou à s’engager pour les autres ».

Samedi après-midi, dans notre rue.
- Vas-y, Lou. Sonne.
Je guide sa main vers la sonnette de la maison suivante. Tantôt à droite, tantôt à gauche, voire sur la porte. Souvent un bouton, rond, plat, petit, gros, parfois la poignée d’une cloche, un ding-dong, un driiing, un bzzzz, … ou un rien !
Lou :
- Elle marche pas, leur sonnette !
Et quand elle marche, il prend un malin plaisir à y laisser traîner son doigt malgré les instructions maintes fois rappelées.

Un bruit dans le couloir.
La porte s’ouvre et Lou s’amuse, une fois de plus, à faire croire qu’il bégaye.
- Bon… bon… bon…Bonjour Mamamamadame,… Je… Je…. Je…
- Lou, arrête de faire l’andouille !
- Je… v…v….vends des p…p…post-il p…p…p… pour Cap ca…ca…ca… quarante-huit.
Heureusement qu’on nous connaît dans le quartier.
- Bonjour Lou, répond la voisine. Tu as grandi !

A une autre porte :
- Lou ? Lou ! C’est bon, arrête de sonner !
Réponse de l’enclume qui ne veut pas entendre, car il connaît très bien la réponse :
- Et Pourqwaaa ?
- Parce que ce n’est pas poli et que tu n’aimerais pas que quelqu’un sonne comme cela à notre porte. Cela te stresserait.
Oui, mais c’est si gai de sonner à toutes les portes.

Régulièrement :
- Lou, retourne-toi. On se met face à une personne quand on lui parle ou qu’elle te parle.

Au sommet de son art, s’adressant dès l’ouverture de la porte à quelqu’un qu’il ne connaît pas :
- Bonjour, c’est pour Cap48. Tu veux bien m’appeler Joëlle ?
Flottement bien compréhensible.
- Et pourquoi Joël ?
- Parce que c’est le nom d’une psychomotricienne de l’école.
Tout Lou…

A d’autres moments, lorsqu’on lui demande pourquoi il vend ces post-it, il répond avec aplomb :
- C’est pour aider les personnes handicapées.
- Et combien ça coûte ?
- 5 Euros.
Vient le moment cocasse où Lou tend le sachet de post-it, tâte pour trouver la main qui lui tend le billet qu’il me donne. Il lui arrive aussi de vouloir tout rendre à la personne.
- Hééé, mon fils, l’argent, c’est nous qui le prenons !

Et au final, on vend. Bien !

Dimanche matin.
Comme convenu avec lui, il me rejoint au marché pour continuer la vente. Je lui ai proposé de prendre son mélodica pour « appâter l’acheteur ». Ce qu’il fait avec grand plaisir, mais le brouhaha ambiant couvre l’instrument ou sa voix quand il chante entre deux notes. Dommage, c’est vraiment chouette ce qu’il improvise.
Petit sentiment de malaise. Je me sens comme ces mendiantes qui exhibent leur bébé dans leur bras.
Nous faisons alors le tour des échoppes. Lou a mémorisé la phrase et hèle joyeusement les commerçants :
- Aujourd’hui, les rôles sont inversés, c’est les vendeurs qui achètent !

Après l’expérience douloureuse de la vente lors de l’édition 2008 (je me suis du coup abstenu en 2009 ), je digère mieux les « Cela ne m’intéresse pas » et autres excuses d’usage de gens engoncés dans leur bulle invisible et qui se sentent agressés, quel que soit le sourire adressé ou la phrase avenante.
Et puis, la présence de mon bonhomme et ses facéties m’ont donné le courage d’être aussi léger que lui.
Merci, P’tit gars !

6 commentaires:

ANDREE a dit…

BRAVO LOU!!!
Moi de ce récit je ne retiens que la fin / "Merci p'tit gars"...
Parce que le pluis important c'est que Lou lui ne se sent pas "handicapé" mais ce sont les gens dits "normaux" qui le sont bien plus que lui....
Tu as eu raison Luc de recommencer l'expérience...

laetitia a dit…

Bravo Lou et bravo Luc, de ta patience, de l'énergie et de prendre Lou avec toi. Quel bel engagement. Je comprends ta comparaison avec les mendiants, la cause n'est pas la même ... tu aides les autres avant de t'aider toi même et cela fait toute la différence.
Encore un apprentissage de la vie pour Lou.
On a commencé à voir le clip cap48 à la tv et le gamin de s'écrier :"hé c'est Lou!" ;-)

Bises à la tribu!

Berlebus (alias Luc Boland) a dit…

;-) Andrée et Laeti (les vieux de la veille !)

Annick a dit…

sans oublier Annick,
qui lit souvent en silence,
car je lis et puis ma plume se sent démunie,
puisque tant de ce réel est dit!
clin d'oeil!

j'espère que c'est une bonne rentrée!
ici fort essouflante, en reprises de repères et puis assommée déçue par l 'accompagnatrice de deux nuits et un mercredi après midi et un samedi,
alors plus de poids à porter,
et de pistes à rechercher encore!

toujours en ESAT SACAT quatre jours, mi travail mi loisirs,
et en séjours temporaires tous les deux mois, pour viser le foyer d hébergement dans trois qautre ans, 28 ans, pour quatre nuits par semaine, un week, obligatoire par mois...

BON COURAGE, je vous embrasse.

cayenne a dit…

Cayenne est là aussi mais comme Annick, je ne sais pas toujours quoi ajouter si ce n'est faire des redites. Bravo à Lou pour les ventes et pour le clip, bravo à la RTBF pour l'argent récolté. Il y a tellement de projets et si peu de budget ... Gros bisous à toute la petite famille

Berlebus (alias Luc Boland) a dit…

Annick, Cayenne,
le carré est formé (avec Andrée et Laeti).
Ben oui, qu'écrire après de si longues années. ;-)
J'imagine bien d'autres vieux lecteurs qui soit préfèrent rester dans l'anonymat, soit ne savent qu'écrire.